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Le Comte de Chambord


Auteur Daniel de MONTPLAISIR La note de ThD
07/10
Pays France
Première parution 2008
Éditeur Perrin
Lu Mars 2010

Aujourd’hui, le nom ne dit plus grand chose. Pourtant le Comte de Chambord, né "duc de Bordeaux", surnommé "l’enfant du miracle" a été pour les derniers légitimistes Henri V, dernier roi de France, et pendant plus de 50 ans, le roi légitime en exil...

A sa naissance, Henri est donc l’enfant du miracle. Seul petit-fils du Comte d’Artois, dernier héritier des Bourbons, il naît quelques mois après l’assassinat de son père. Pendant neuf ans, il sera le petit prince des Tuileries, l’espoir de la Restauration. Puis vint l’été 1830. A force d’intransigeance, son grand-père, Charles X, est contraint d’abdiquer. Il pose alors la couronne sur la tête du petit Henri. Mais les cousins Orléans feront comme si rien ne s’était passé. Louis-Philippe devient roi de Français, et les Bourbons sont de nouveau contraints à l’exil.

L’Angleterre, la Suisse, et surtout l’Autriche. Durant les premières années d’exil, le Comte de Chambord est élevé par son vieux grand-père et sa tante Marie-Thérèse, fille de Louis XVI et Marie-Antoinette, duchesse d’Angoulême. Sa mère, la duchesse de Berry, a tenté d’aller soulever la Vendée, avant de refaire sa vie auprès d’une nouvelle famille. Le petit garçon est alors entouré de vieux et d’une cour partagée entre carlistes (qui reconnaissent toujours Charles X) et henriquinquistes (pour lesquels l’abdication reste d’actualité et qui le reconnaissent comme seul souverain). La vie va se passer dans des châteaux isolés, alors que la France s’offre à Louis-Philippe. Quand Charles X, puis Louis XIX meurent, Henri V se trouve au premier rang.

Il s’est marié, mais n’a pu avoir d’enfant. Toute sa vie, il va suivre à distance la politique française, publier des manifestes, et ne jamais cesser d’attendre qu’on l’appelle. C’est là son problème. Elevé comme si la Révolution n’avait jamais eu lieu, il attend que la Nation vienne le chercher, persuadé que c’est Dieu qui le veut. En 1848, il laissera l’entreprenant Louis-Napoléon s’installer à l’Elysée puis aux Tuileries. A la chute du Second Empire, un boulevard s’ouvre devant Henri V. Mais il attend. Il refuse le drapeau tricolore et s’agrippe à un drapeau blanc qui n’a pourtant jamais rien été pour la royauté. En 1873, il tentera une visite surprise à Versailles pour se faire acclamer par Mac-Mahon, mais là aussi en se faisant désirer. Cent fois il ratera les occasions offertes. C’est lui quasiment qui assurera l’instauration de la IIIème République ! Car Henri V, de par son éducation, était sans doute totalement anachronique. On peut donc se demander quel roi il aurait bien pu être. Malgré la thèse de l’auteur, il lui valut mieux sans doute vivre sa vie en exil, au milieu d’une cour de pacotille, vivant des subsides du domaine de Chambord et des placements des Bourbons.

Le personnage n’était visiblement pas à la hauteur. Mais il demeure intéressant de vivre un système en exil. Et la biographie permet de suivre, à distance, les bouleversements politiques en France et les mouvements incessants que le pays connaissait alors.