Contenu
Adolphe
Pays | France |
|
Sortie France | 30 octobre 2002 | |
Durée | 1 h 42 | |
Titre original | Adolphe | |
Réalisateur | Benoît JACQUOT |
La note de ThD |
Avec | Isabelle ADJANI (Ellénore) |
|
Stanislas MERHAR (Adolphe) | ||
Jean YANNE (Le compte) | ||
Romain DURIS (d’Erfeuil) |
Tout y est. Des décors sublimes : un beau château en province, sous la pluie, avec un grand parc ; les arcades bruyantes du Palais Royal ; un immense château en Pologne, entouré de forêts et de neige. Des costumes vraiment superbes, entièrement Consulat-Directoire. Des personnages bien rendus : Stanislas Mehar en jeune romantique, fils de Ministre, oisif et quelque peu lascif ; Isabelle Adjani, maîtresse officielle du Comte, rejetée par la société, aimante, belle ; Jean Yanne, Comte établi de province, personnage un peu falot et de peu d’envergure, qui subira les événements. Une belle photo. Mozart. Une histoire riche.
Oui, mais voilà, « Adolphe », de Benoît Jacquot s’avère un peu décevant. Avant tout par son rythme. Beaucoup trop rapide. On se dit que Jacquot a voulu tout caser en 1h30. Alors les scènes défilent à la vitesse grand V. Les personnages enchaînent les sentiments de manière abrupte et sans explication. Au bout de 10 mn, la prude Ellenore finira avec l’impudent Adolphe entre les jambes ! Du coup, les personnages perdent en épaisseur, les sentiments, les contradictions, les poids, la folie, le masochisme, rien n’est creusé. C’est comme si le Reader’s Digest s’emparait de Proust et condensait la Recherche du Temps Perdu en cinquante pages... Alors une question. « Adolphe » pouvait-il être adapté en 2002 ? Claude Autant-Lara n’hésitait pas à prendre plus de 3h pour traduire « Le Rouge et le Noir ». Les Misérables ont été traités en deux parties, que ce soit avec Harry Baur ou avec Gabin. Mais aujourd’hui, le public suivrait-il ? C’est vrai que j’en doute. Mais Jacquot aurait pu pousser jusqu’à 2h30, il y avait matière. Et là on est un peu frustré ; on a l’impression de passer à côté de l’œuvre.
Seconde déception : Mlle Adjani. Certes, elle se rattrape par rapport à la si pitoyable « Repentie » de Laetitia Masson. Mais ici encore, elle surjoue le rôle. Elle n’a pas compris qu’elle est au cinéma, pas au théâtre.
Ceci dit, je vous conseille tout de même d’aller voir « Adolphe ». Parce que là où je dis qu’il a réussi son coup, c’est quand il m’a donné envie de me plonger dans Benjamin Constant. Histoire de retrouver les émotions de l’adolescence, la force du roman - des romans - du XIXe, et essayer de retrouver les émotions vécues avec Le Rouge et le Noir, Le Lys dans la Vallée, Madame Bovary ou La Guerre et la Paix...