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La mauvaise vie


Auteur Frédéric MITTERRAND La note de ThD
08/10
Pays France
Première parution 2005 (JPG)
Éditeur Robert Laffont
Lu Mars 2005

Alors que tout acteur, tout chanteur, tout animateur de télévision sort depuis quelque temps son livre de souvenirs familiaux sordides, Frédéric Mitterrand a décidé de se livrer, tout seul comme un grand. Pas de viol, pas de famille déchirée. Lui, rien que lui. Et ça suffit bien. Il écrit bien, Frédo. Il raconte bien. Mais surtout, il est beau dans sa confession. Beau parce que vrai. Beau parce que fragile.

Bien sûr, la presse ne sait que parler du dernier chapitre. Les épopées de Frédéric en Thaïlande, à Patpong, accompagné de jeunes garçons aux amours tarifés. Mais même ce passage sulfureux pour la morale publique est beau. Parce que Mitterrand ne cache rien de son besoin qu’il n’assume pas pour autant. Parce que ses rencontres avec Bird ou Heidi ne sont pas que des histoires de cul mais de vraies rencontres sans faux semblant. Parce que Frédo semble plus largué qu’autre chose dans ces histoires.

Mais La mauvaise vie ne se limite pas à Patpong. La mauvaise vie ce sont les souvenirs décousus d’un homme d’une cinquantaine d’années qui fait son coming-out tout en douceur, qui assume son image de pédé sans s’assumer pour autant, qui a souffert du silence et de son incapacité à être heureux. De grandes amours toujours déçues. De belles histoires d’amours et d’amitié, dont ne subsistent que les lettres d’amours que Frédéric s’envoie à lui-même.

Et puis derrière le pédé, il y a aussi l’homme. Deux passages particulièrement sublimes. Le tout premier chapitre d’abord, l’adoption de son deuxième fils, la suspicion face à cet homme riche occidental qui vient chercher de jeunes garçons en Algérie pour les amener en France ; pour Frédéric, ce sera surtout le sacrifice de sa vie privée et l’apprivoisement de jeunes ados pas forcément faciles. Et puis tous ces souvenirs d’enfance. Une enfance riche, entre père, mère, beaux-pères et belles-mères successives, vacances dans les propriétés familiales ou au Maroc, gouvernantes du XVIe, diplomates et intellectuels amis de la famille. Et aujourd’hui, cette sorte de solitude et de timidité. 

Il écrit bien, donc, Frédo. C’est un bonheur de le suivre dans ses errements et ses doutes. A lire absolument !!!