Un nouveau roman de Houellebecq, c’est toujours assez rare pour être un événement. Et surtout, à n’en pas douter, l’auteur lui-même, par quelque provocation médiatique saura faire l’événement. C’était bien parti. Sauf que le jour-même de la sortie de "Soumission" se déroulait l’attentat de Charlie Hebdo qui allait mobiliser toute la France et faire passer tout le reste au second plan. Pour cause d’attentat, j’ai moi-même finalement renoncé à acheter le roman dès sa sortie, puis me suis laissé influencé par les critiques qui n’étaient pas très élogieux. Un mauvais Houellebecq alors ? N’exagérons pas. Ce n’est pas le meilleur Houellebecq, loin de là, mais ça reste un bon roman, dans lequel on rentre immédiatement, et qui nous entraîne dans son atmosphère.

Et bien sûr l’atmosphère est glauque et quasi-suicidaire. La narrateur est un prof à la Sorbonne, spécialiste de Huysmans, qui a, faut-il s’en étonner, le sentiment d’avoir rate sa vie, qui est seul et a de plus en plus de mal à bander. Bref, du Houellebecq typique. Sauf que le narrateur va être pris par le tourbillon dépressif de l’Histoire. En ce printemps 2022 en effet, la France vit une nouvelle élection présidentielle. Ô surprise, Manuel Valls et Jean-François Copé sont éliminés dès le premier tour. Le second voit s’affronter Marine Le Pen et Mohammed Ben Abbes, leader de la Fédération musulmane qui, fort du soutien de l’ensemble des partis finit par arriver à l’Elysée. Les facs sont vendues aux Saoudiens, la mixité est terminée, la loi musulmane s’impose...